Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/117

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qu’il se mit à en faire en s’échappant et perçant à travers les gens du guet que le tumulte avait attirés. M. Honoré crie sur lui au voleur ; toute l’escouade le suit, en criant : Arrête ! arrête ! Personne n’osait, il avait l’air d’un diable à moitié rôti sortant de l’enfer ; on se rangeait même pour l’éviter. La garde le poursuivant jusqu’au bord de la rivière, croyait enfin le tenir à cause de la barrière liquide qui s’opposait à sa fuite ; mais le courageux Félix se lance à leurs yeux dans l’onde, et y trouve un refuge contre le fer et le feu. Le guet ne jugeant pas à propos de rouiller ses armes, le vit en enrageant parvenir à l’autre bord et s’en retourna honteusement chez M. Honoré qui leur dit qu’ils couraient comme des fiacres, et que le sergent méritait d’être cassé.

Amour ! que tes faveurs ont souvent de suites funestes ! (Cette pensée n’est pas neuve). La triste Babet livrée aux horreurs de l’affront n’osait plus sortir ; tout le quartier savait son aventure ; tourmentée d’ailleurs par l’absence et le sort malheureux de son amant, outragée chaque jour par les reproches amers de son oncle, tout son espoir était le trépas (rien n’est moins gai que cette situation) : elle ne se voyait pour toute compagnie qu’un petit chien qu’elle avait beaucoup aimé, mais qu’elle négligeait si fort que, l’ayant laissé longtemps sans nourriture, il essaya un jour pour vivre de lui manger une main, et commença par lui mordre si vivement le doigt qu’elle poussa un cri douloureux, auquel son oncle accourut. Le petit favori, au lieu de le flatter comme à l’ordinaire, sauta sur lui en grinçant les dents. M. Honoré, d’un coup de pied, le mit hors d’état d’en avoir jamais le dessein. Ce sévère boulanger secourut la blessée avec un soin barbare, en disant que c’était une pu-