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Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/218

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Un jour, une femme du monde honnête et légitimement mariée assistait à une reprise des Huguenots ; près d’elle dans des stalles d’amphithéâtre, se trouvaient deux femmes, venues ensemble et dont l’une surtout se faisait remarquer par sa toilette de duchesse et sa beauté… de lorette. Toutes deux habitaient indubitablement ce terrain neutre qu’on appelle la Sonore parisienne où les belles chercheuses d’or courent l’aventure.

— As-tu remarqué la jolie femme qui était près de nous ? dit le mari à sa femme en sortant du spectacle.

— Oui, mais…

— Mais elle n’en a pas moins une délicieuse figure. Qui, diable, est-ce donc ? ce n’est pas une débutante, et on n’en parlait point encore quand je fréquentais ce monde-là.

Maladresse de mari, comme il leur arrive si souvent d’en commettre ! Il est des choses qu’une femme sait fort bien, sur lesquelles elle ne se fait nulle illusion, mais il est fort inutile que son mari vienne les lui confirmer ; un peu de vague est nécessaire dans la vie, même dans la vie conjugale. N’y a-t-il rien de plus ridicule qu’un monsieur qui commence à prendre du ventre, racontant ses bonnes fortunes à sa jeune épouse, presque jeune fille encore ? Hélas ! les hommes ont tant besoin de se vanter et de poser.

Et la jeune femme, tant soit peu étreinte par les