Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/115

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Du saint Kitab écrit par la main du prophète.
Un vieux turban de deuil enveloppe sa tête.
Ses vêtements sont noirs et sont tout en lambeaux ;
Immobile, on dirait un spectre des tombeaux,
Hors qu’un éclair remplit sa paupière chagrine.
Sa longue barbe blanche inonde sa poitrine,
Et sur ses traits creusés par les austérités
Rayonnent par moments de sinistres clartés.
Les yeux vers l’occident, sur l’onde lazuline
Il suit, rêvant toujours, le soleil qui décline
Comme un guerrier sanglant dont la main dans les flots
Laisse, près de mourir, tomber ses javelots ;
Et ses regards muets ne cessent de le suivre,
Et déjà tout le ciel prend des teintes de cuivre,
Tandis qu’à l’horizon un dernier rayon d’or
Comme un reflet d’épée éclate et vibre encor.

DuMais la nuit, par degrés, plus épaisse et plus sombre,
Déroule dans les airs son vaste linceul d’ombre,
Et tout s’efface au loin comme dans un brouillard.
Alors, levant au ciel ses deux bras, le vieillard :
« Le sultan des esprits, Mahomet, à la terre
« Des grands conseils d’Allah révéla le mystère.
« Des saintes vérités la coupe dans ses mains,
« Il vint et la tendit aux lèvres des humains,