Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/123

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Mille pensers obscurs et farouches, laissant
Hurler les rois velus du désert frémissant
Et gémir les échos des forêts léthargiques
Qui couvrent la montagne et ses sommets tragiques,
Tandis que, dans le creux d’un noir ravin, parfois
Un chacal affamé fait entendre sa voix
Et que, sur l’horizon des grands sables sans borne,
Le Liban voit monter la lune rouge et morne.

EtOr, comme le vieillard, le cœur rempli de deuil,
De sa tour de granit touche presque le seuil,
Il voit dans son sentier, demi-clair, demi-sombre,
Un inconnu sortir, comme un rêve, de l’ombre.
Face à face tous deux s’arrêtent un moment.
Puis l’étranger, levant ses deux bras lentement :
— Hassan Ben-Sabbah, fils d’Himjari, fils du doute,
Toi qu’on nomme le Vieux de la Montagne, écoute !
Tes yeux et ton esprit sont pleins d’obscurité.
Que savent ils du but où va l’humanité ?
Dans le travail de Dieu tu fais entrer tes haines ;
Mais son bras libre et fort n’accepte point ces chaînes,
Et l’avenir n’est pas avec toi, mécréant,
Toi qui prends le déclin du jour pour l’orient.
C’est moi qui te le dis, moi…