Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/128

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Et que le monument soit durable et parfait.
Or, le marteau qui forge et le ciseau qui taille
Ce sont, entre les mains du Seigneur qui travaille,
Les épreuves, hélas ! que notre genre humain
Rencontre à chaque pas dans son âpre chemin,
Les tyrans, la famine et la peste et la guerre,
Bienfaits, et non fléaux, comme croit le vulgaire,
Car c’est du fond du mal que l’on voit mieux le bien,
Et qui n’a pas souffert n’espère plus en rien.
Va, la guerre longtemps sera la sainte chose,
L’instrument le plus sûr du progrès et la cause.
Le laboureur joyeux, en chantant ses chansons,
Creuse le sol, berceau des futures moissons.
C’est bien. Mais, dans le champ des races attardées,
À la guerre d’ouvrir le sillon des idées,
Au clairon de sonner l’aube des nations,
Diane du grand jour des générations.
Vois, la sœur de l’épée et l’épouse du glaive,
La belliqueuse Europe est là qui se soulève.
Voici ses paladins dont nous savons les noms.
La brise d’orient souffle dans leurs pennons ;
Leurs lances, que jamais le sang ne rassasie,
Veulent étinceler au chaud soleil d’Asie,
Et leurs fauves coursiers, les yeux remplis d’éclairs,
Demandent à fouler le sable des déserts.