Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Où mes yeux vainement ont cherché l’espérance
« Et dont l’horizon morne et sans cesse nouveau
« Ne m’a pas laissé même entrevoir un tombeau.
« Ô Seigneur, mille étés ont passé sur ma tête
« Et mille hivers déjà, sans que mon pied s’arrête.
« Hélas ! votre courroux n’a donc pu se lasser ?
« Tous les astres du ciel, en me voyant passer,
« Ont versé sur mon front leurs larmes de lumière.
« Le palais n’a-t-il point pitié de la chaumière ?
« Souvent les chameliers, sous leurs tentes de crin,
« Se demandent entre eux : — Où va ce pèlerin ?
« Quel est son but ? Quelle est la Médine inconnue
« Où va s’humilier cette tête chenue ? » —
« Les sentiers sous mes pas m’interrogent souvent :
« — Vieillard, où donc vas-tu par la pluie et le vent ? —
« Le lion du désert et l’aigle des montagnes
« Disent à mes douleurs : — Êtes-vous ses compagnes ? —
« Et les fleuves au sable amassé sur leur bord :
« — Où donc ce voyageur va-t-il chercher un port ? —
« Pitié, Seigneur ! qu’enfin votre courroux s’apaise.
« Retirez de mon front la main qui sur moi pèse,
« Et laissez, ô mon Dieu, mon sépulcre s’ouvrir ;
« Car un siècle est bien long, quand vivre c’est souffrir !
« Les aigles ont leurs nids ; les lions, leurs repaires.
« Mais le temps qu’a-t-il fait du vieux toit de mes pères ?