Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Mon seuil a disparu. Ma terrasse a croulé.
« L’oiseau qui l’égayait parfois s’est envolé.
« Mon figuier n’a plus d’ombre et ma citerne est vide.
« Regardez. L’araignée en ma maison dévide
« Le fil de ses fuseaux, et le long des murs gris
« Tisse et suspend sa toile à leurs mornes débris.
« Regardez. À la place où, chaque jour, ma mère
« Voyait dans mon berceau sourire sa chimère,
« Ce ne sont plus, hélas ! que buissons épineux
« Enchevêtrant les uns dans les autres leurs nœuds.
« Et plantés là sans doute — oh ! d’horreur j’en frissonne ! —
« Par quelque dard tombé, Christ, de votre couronne
« En ce moment sinistre où, poussé par Satan,
« Sur mon seuil, sans pitié, je vous criai : « Va-t’en ! »
« Depuis ce jour fatal qu’au monde nul n’oublie,
« Dix fois l’urne des temps s’est vidée et remplie.
« Dix siècles de remords et de deuil tour à tour,
« N’est-ce donc point assez pour expier un jour ?
« Pitié, Seigneur ! pitié ! marquez enfin mon heure.
« Oh ! laissez-moi bâtir ma dernière demeure
« Et passer, éclairé par votre saint flambeau,
« De l’exil de la vie à l’exil du tombeau ! »

une voix dans la vallée de josaphat.

Ahasvérus, ton jour n’est pas si près d’éclore.