Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/150

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Prométhée à mon roc cloué par les enfers,
J’ai senti de mon bras se détacher mes fers.
Je contemple du haut des sciences humaines
Toute l’œuvre divine avec ses phénomènes.
Au fond de toute nuit, que j’explore à l’œil nu
À travers l’infini je saisis l’inconnu.
Des hommes et des dieux j’ai remonté les traces
Vers le berceau premier des peuples et des races.
Oh ! que de fois Amoun, dans sa morne oasis,
M’a vu mettre en lambeaux tous les voiles d’Isis !
Dans ces plaines sans fin, naguère infranchissables,
Où le désert écrit ses annales de sables,
J’ai secoué souvent les grands sphinx accroupis,
Symboliques gardiens de ses dieux décrépits.
Des empires détruits j’ai fouillé l’ossuaire,
Et je sais ce qu’il reste en votre obscur suaire,
Ô cadavres d’États, ô nuits sans orient,
De vanité, d’orgueil, de cendre et de néant.
Je sais le but où va tout ce qui monte ou tombe.
J’interpelle souvent les siècles dans leur tombe,
Et, de leur lourd sommeil réveillés à la fois,
Ces échos du passé répondent à ma voix.
Profondeurs de la mer, abîmes de l’espace,
Vous où Léviathan, vous où la foudre passe,
Oiseleur de lumière ou pécheur de clartés,