Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/152

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Les Pharaons muets dorment dans leur suaire,
Et les champs de bataille ont clos leur ossuaire.
Napoléon, Cyrus, Alexandre, César,
Le monde, qui tremblait quand passait votre char,
Ne connaît plus vos noms ni votre gloire éteinte.
Votre pourpre, — ce sang des peuples, — est déteinte.
Le temps a balayé la trace de vos pas
Et dispersé l’écho du bruit de vos combats.
L’histoire, qui vous garde en ses mornes royaumes,
Seule encor dans sa nuit voit errer vos fantômes.
Ses mains ont pour toujours, fléaux des nations,
Rompu l’échelle d’or de vos ambitions.
Conquérants, dont la mort déboucla les cuirasses,
Le souffle du sépulcre a passé sur vos races.
De vos trônes, maudits des hommes et de Dieu,
Le dernier mendiant a fait son dernier feu ;
Et l’on ne verra plus, Seigneur, comme naguère,
Les vautours tressaillir aux appels de la guerre ;
Et l’on n’entendra plus, Seigneur, comme autrefois,
Des canons vers les cieux monter la grande voix,
Ni le glas des tocsins propager dans les villes
L’émeute fratricide et les luttes civiles,
Ni les mères en deuil crier à tous les vents :
« Savez-vous, savez-vous où dorment nos enfants ? »
Car voici que ton verbe enfin se réalise.