Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/173

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Des volcans que l’Islande allumait à ses pieds.
Flambeau de ses festins, l’aurore boréale
L’illuminait, la nuit, de sa torche idéale.
Il avait la puissance, il avait la splendeur.
Les douze Ases faisaient cortège à sa grandeur.
Pour gardes il avait les douze Valkyries,
Les vierges des combats, à la lutte aguerries,
Qu’on voyait, au plus fort des batailles, fauchant
Leur moisson de guerriers, fils du glaive tranchant.
Les deux corbeaux Hugin et Munin, à chaque aube,
Espions coassants, faisaient le tour du globe,
Et venaient, chaque soir, au maître tour à tour
Raconter les vertus ou les crimes du jour.
L’atelier de la mort avait ses trois vestales ;
Les Nornes, du destin ouvrières fatales,
Assises jour et nuit sous le frêne Ygdrasil,
Du sort humain nouaient et dénouaient le fil.
Puis au delà des mers obscures et sans phare,
Dans les flancs ténébreux du vaisseau Naglefare,
Les âmes s’en allaient au séjour du remords
Ou vers le Valhalla, palais vivant des morts.
Mais dès longtemps Odin, le dieu des bords du Phase,
A vu crouler l’Asgard comme un rocher sans base,
Et, dégageant enfin du mythe le réel,
Du Valhalla sanglant le Christ a fait le ciel.