Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/174

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les slaves.

Nous aussi nous avions nos temples pleins d’idoles,
Spectres dont notre erreur se faisait des symboles.
Il en est deux surtout qu’on nommait en tremblant :
Swentibor le dieu noir, Swentewit le dieu blanc.
L’un était roi du jour, l’autre était roi de l’ombre.
L’un faisait la lumière, et l’autre, la nuit sombre.
Swentibor habitait le monde souterrain.
Swentewit pour séjour avait le ciel serein,
La haute région de l’azur et des astres.
Son palais, qu’étayaient d’invisibles pilastres,
Élevait au zénith ses larges dômes d’or
Où n’atteignaient jamais l’aigle ni le condor,
Ni la foudre elle-même, alors que dans la nue
Elle remonte et cherche une route inconnue.
Son royaume embrassait le vaste empire bleu.
Lui, comme le soleil, en tenait le milieu,
Et ses trois cents chevaux, groupe ardent et sonore,
Hennissaient à ses pieds pour saluer l’aurore
Et buvaient la rosée aux urnes du matin.
Plus beau qu’Apollon, fils du ciel grec et latin,
Les peuples le nommaient l’archer de la lumière.
Sitôt qu’à l’horizon montait l’aube première,
On le voyait, son arc frémissant à la main,