Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/180

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Du gouffre du néant eut évoqué le monde,
La terre au ciel sourit, couverte de splendeur.
De son enfance elle a la grâce et la candeur.
Un avril, qui n’aura point de fin, dans ses plaines
Épanche le trésor de ses corbeilles pleines,
Et l’arbre des saisons prodigue en même temps
Les présents de l’automne et les fleurs du printemps.
Montagnes, dont l’autour fait dans l’air ses étapes ;
Collines, que les ceps émaillent de leurs grappes ;
Sources, dont les rochers, mamelles de granit,
Font jaillir les flots purs et que rien ne ternit ;
Plantes, qu’on voit mêler, par la brise bercées,
Les gemmes de vos fleurs aux perles des rosées ;
Lacs, dont l’azur profond, miroir toujours changeant,
Regarde au ciel passer les nuages d’argent ;
Ruisseaux, qui gazouillez dans l’herbe vos murmures ;
Champs moitié verts, moitié dorés de moissons mûres ;
Forêts, où près du loup le cerf habite en paix
Et qui prêtez le toit de vos rameaux épais
À l’oiseau qui converse avec la fleur candide ;
Image de l’Éden perdu, terre splendide,
Poëme étincelant de fleurs et de rayons,
Mille rhythmes joyeux sortant de tes sillons,
Mille strophes d’amour sur les arbres écloses,
Font des chansons des nids et du parfum des roses,