Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/182

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Parlaient de la bonté de Dieu, leur créateur,
Et, louant tour à tour dans son œuvre l’auteur,
Semblaient, tout transportés d’une extase suprême,
Communier avec la nature elle-même.

EtPlus loin, un laboureur, sans bœufs, sans aiguillon,
Conduisait sa charrue et traçait son sillon.
Le travail n’est-il pas pour l’homme une prière ?
Mais la nature est bonne, et voilà que, derrière
Le soc étincelant qui toujours marche et va,
La future moisson germe et lève déjà.

EtPlus loin encor, plus loin, tout au fond de la plaine,
Où chaque brise aux fleurs parfume son haleine,
Je vis s’épanouir un splendide jardin,
Et rien qu’à sa beauté, je devinai l’Éden.
Mais, depuis vingt mille ans, sa porte condamnée
Fermait aux fils d’Adam son entrée obstinée,
Et, debout sur le seuil du Paradis de Dieu,
Veillait un ange armé d’une lame de feu.
Il était là depuis les premiers jours du globe.
De la création on voyait encor l’aube
Étinceler au fond de ses yeux éclatants.
Il avait, sans vieillir, vu s’écouler les temps.
Ses bras semblaient taillés dans la neige des pôles ;
Ses cheveux déroulés flottaient sur ses épaules,