Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/183

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Et son front rayonnait de la double beauté
De l’être et de l’esprit, fils de l’éternité.

EtEn ce moment un homme, un vieillard pâle, austère,
Comme ne tenant plus aux choses de la terre,
Traversa la largeur de la plaine. On voyait
L’extase illuminer son œil qui flamboyait.
Sur ses cheveux blanchis, sur son front morne et sombre,
Que de siècles avaient accumulé leur ombre !
Que de remords cachés et de deuils avaient mis
Des rides à son cœur et sur ses traits blémis !
D’où vient ce pèlerin ? Où va ce patriarche ?
Malgré les ans, son pied est ferme, il marche, il marche
D’un pas de plus en plus rapide et diligent.
Le signe des chrétiens, une humble croix d’argent
Pend au chapelet noir qui lui sert de ceinture.
Le soleil couvre d’or sa tunique de bure
Et semble, devinant l’homme des visions,
Vouloir le revêtir d’un manteau de rayons.
Les oiseaux dans les cieux, les arbres sur la terre
Ont l’air d’interroger ce spectre de mystère,
Et moi-même je crus, en voyant ce vieillard,
Un fantôme sorti de la nuit d’un brouillard.
Aidé de son bâton, rameau noueux d’un chêne,
Il monte lentement une rampe prochaine