Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et par degrés s’élève au sommet d’un rocher
Si haut que le chamois peut seul en approcher.
Là, debout comme l’aigle, enfant des hautes cimes,
Éclairé du grand jour qui luit aux lieux sublimes,
Il ouvre les deux bras et les tend vers le ciel,
Comme sur le Nébo, le guide d’Israël,
Lorsqu’il eut entrevu, toutes larges ouvertes,
La terre de promesse et ses campagnes vertes
Et ses vallons souvent dans un rêve apparus.

Or ce second Moïse était Ahasvérus !

Mais, — pendant qu’il est là qui regarde et contemple
La terre où le Seigneur s’est reconstruit son temple,
Et que, le front baigné dans l’azur du ciel bleu,
Il se sent, chaque instant, plus rapproché de Dieu, —
Pourquoi le laboureur avec sa main fiévreuse
Arrête-t-il son soc dans le sillon qu’il creuse ?
Et pourquoi pousse-t-il ce cri d’étonnement ?
À ses pieds, dans le sol, qui s’ouvre largement,
Il voit étinceler une chose inconnue.
Relique du passé, c’est une lame nue,
Acier à deux tranchants et rouillé par endroits.
Sa poignée est de cuivre et figure une croix,
Et l’arme, s’allongeant de plus en plus étroite,
S’aiguise et se termine en pointe fine et droite.