Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour voir passer le Christ qui monte lentement,
Ployant sous le fardeau de sa croix par moment,
Le chemin du Calvaire ; et de toutes les bouches
Sortent des cris de haine et des rires farouches.
Les lances des soldats le poussent en avant.
Les bourreaux à travers la foule au flot mouvant
Le traînent, et le sang sur tout son corps ruisselle,
Et sa marche épuisée à chaque instant chancelle,
Et partout l’on entend cette rumeur courir :
« Voyons comment ce Dieu s’y prendra pour mourir ! »

le poëte.

Vautours, dont l’Abarim, sur ses crêtes chenues,
Voit se baigner le vol immense dans les nues,
Pourquoi regagnez-vous vos aires, et pourquoi
Frissonnez-vous d’horreur et tremblez-vous d’effroi ?

les vautours.

Cachez-nous dans vos plis, ô voiles des nuées !
Nous avons vu le Christ, au milieu des huées,
Du rocher du supplice atteindre le sommet.
Ô démence ! Est-ce bien le ciel qui la permet ?
La foule autour de lui gronde comme un orage,
Et lui jette l’insulte et lui jette l’outrage,
Et les marteaux sanglants et les clous inhumains
L’attachent sur la croix par les pieds et les mains.