Déjà la nuit déroule au ciel son voile obscur
Et couvre du manteau des ténèbres l’azur.
Le sol tremble. Ô mon Dieu ! qu’est-ce donc qui se passe ?
De sinistres clartés par moments dans l’espace
Se montrent, et voilà vibrer dans l’infini
Ce cri lugubre : « Eli, lamma sabacthani ! »
Palmiers, que Réphaïm balance sur ses roches,
Du drame du Calvaire, ô vous témoins plus proches,
Vous devez mieux le voir que les cèdres dormants
Dont le Liban revêt ses noirs escarpements.
Dans les airs où la nuit vide ses urnes d’ombre
Le jour a disparu comme une nef qui sombre,
Les ténèbres ayant submergé son flambeau.
On entend tressaillir les morts dans leur tombeau ;
Et, spectateurs muets du deuil de la nature,
Les fantômes des saints quittent leur sépulture,
Pâles et demandant ce que les hommes font
Pour les troubler ainsi dans leur sommeil profond.
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