Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ahasvérus.

J’ai son sang dans les yeux !…Moi, sa voix dans l’oreille !
Lorsque Pilate, aux yeux des Juifs et des Romains,
Eut cru laver sa honte en se lavant les mains,
Et, dans la lâcheté cherchant une complice,
Eut livré le Sauveur des hommes au supplice,
Tout le peuple cria : « Mort au Nazaréen ! »
Le Christ restait muet et ne répondait rien.
Cependant ses bourreaux l’entraînent, et la foule
Le suit en l’outrageant et le frappe et le foule.
Lui marche résigné dans l’insulte et l’affront.
La couronne d’épine ensanglante son front.
Le manteau dérisoire ouvert sur ses épaules,
Il fléchit par moments sous les fouets et les gaules,
Traînant le lourd fardeau de sa croix et celui
Des péchés des humains qu’il a pris tous sur lui.
Oh ! je le vois encor sur le seuil de ma porte
S’arrêter, succombant sous l’arbre entier qu’il porte.
Comme il est là, je crie, inspiré par Satan :
« Ne souille pas le seuil de ma maison. Va-t’en !
« Marche et suis ton chemin ! » Et tristement il lève
Vers moi ses yeux sereins et calmes, comme un rêve
De ceux à qui le ciel montre ses visions.
J’y cherche des éclairs, et j’y vois des rayons.