Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/49

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Un seul instant, son doux regard sur moi se pose,
Et lui, pâle, s’appuie au seuil et se repose.
Mais l’esprit du démon ressaisit mon esprit,
Et je répète : « Marche, et va-t’en, Jésus-Christ ! »
Alors, se relevant de la pierre sanglante
Où vient de s’affaisser sa force chancelante,
Il reprend le fardeau de sa croix et me dit :
« Homme au cœur sans pitié, que ton seuil soit maudit !
« Mes pieds et mes genoux achèveront la route
« Que mon sang doit marquer en coulant goutte à goutte,
« Pour que tout l’avenir retrouve au Golgotha
« La colline où le Fils de l’Homme s’arrêta.
« Mais toi, tu marcheras, cœur impie et sévère,
« Jusqu’à la fin des temps, sans trouver ton Calvaire,
« Et vers ton Golgotha des siècles tout entiers
« Verront tes pieds user les cailloux des sentiers ! »
Puis il passe. — Et je vois, dans ce moment suprême,
Ô terreur ! ma maison se fermer d’elle-même !…
Je vois crouler mon seuil !… De ma porte aux ais roux
J’entends l’éternité fermer les lourds verrous !…
Les siècles vont remplir de toiles d’araignées
Mes fenêtres toujours d’un doux soleil baignées.
La cigogne, en allant visiter les déserts,
Ne regardera plus mon toit du haut des airs,
Et l’escalier de ma terrasse au nord bâtie