Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’inconnu.

Un prophète ? un voyant ?Poëte, que t’importe
De quel nom on me nomme et d’où je suis venu,
Moi qui vois l’invisible et qui sais l’inconnu ?
Je suis l’homme des temps. Les siècles sont mes frères.
Avec eux j’ai fouillé les stèles funéraires
Et sondé les débris de ces vastes cités
Dont l’Orient peuplait ses États mal voûtés.
Sachant de quoi sont faits ces toits qu’on nomme empires
Ou royaumes, les uns mauvais, les autres pires,
Je sais les jours que prend et ce que fait de bruit
La chute d’un pouvoir lorsque Dieu le détruit.
Des quatre royautés, maîtresses du tonnerre,
Que rêva Daniel, le grand visionnaire,
Trois ont cessé de vivre, et leur orgueil jaloux
Au monde n’a laissé rien que ces trois cailloux.
Regarde, je les ai ramassés dans le sable,
L’un est Assur, qui, se croyant impérissable,
Vouait un éternel encens à ses trépieds
Et s’écroula, brisant Babylone à ses pieds.
L’autre est l’Égypte, Isis à jamais disparue,
Dont le désert, ainsi qu’un lac en temps de crue,
A couvert les cités de ses grands flots dormants
Et submergé l’histoire avec ses monuments.