Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/58

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Le troisième est la Perse aux vieilles satrapies.
Le hibou hante seul leurs ruines impies,
Et le chacal nocturne achève ses festins
Sur l’autel de Mithra, dont les feux sont éteints.
Voici venir le temps où doit s’écrouler Rome.
Car le néant se met dans tout ce que fait l’homme,
Et l’on ne bâtit rien, État ni monument,
Sans qu’il se mêle un peu de ruine au ciment.

NiSur ses grands murs construits par la main des Cyclopes,
Ninive en larmes voit brouter les antilopes,
Et le Nil de ses flots sortir le nénuphar
Pour regarder où fut le toit de Putiphar.
Dans le palais détruit où régnait Cléopâtre,
L’obscur silence entend hurler les chiens du pâtre
Et les oiseaux de nuit, dans leur vol anguleux,
Heurter leur aile grise à ses pilastres bleus.
Bactres, Persépolis, Ecbatane, Palmyre,
Suse dont l’ombre au flot du Choaspe se mire,
Babylone, berceau du monde assyrien,
De votre éternité que vous reste-t-il ? Rien.
Et seuls les habitants des antres troglodytes
Et les spectres cachés dans les villes maudites
Que Siddim engloutit dans ses flots sulfureux,
De votre passé mort s’entretiennent entre eux.