Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/59

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Hier vous étiez encor les grandes et les fortes.
La guerre en vain frappait de ses béliers vos portes ;
Et, vidant contre vous ses sombres arsenaux,
La catapulte usait ses dards sur vos créneaux.
Et voici que parmi vos murailles tombées
Le lézard glisse auprès des mornes scarabées,
Et la ronce à l’assaut monte de toutes parts
Sur les blocs de granit qui formaient vos remparts.

NiJ’en ai tant vu briller et s’éteindre — ô mystère ! —
D’étoiles dans le ciel, de peuples sur la terre,
De cités qu’autrefois hantaient les fiers esprits
Et dont le temps lui-même ignore les débris,
De conquérants tombés de leur char de victoire
Pour devenir fumier dans le champ de l’histoire, —
Que j’ai, témoin obscur des grands événements,
L’oreille faite au bruit de ces écroulements.
Mon pied, sans s’arrêter, traverse les royaumes,
Et les jours devant moi sont comme des fantômes.
Les semaines, les mois, les ans, les siècles vont
Roulant, roulant toujours vers ce gouffre sans fond
Que creuse dans le temps l’éternité farouche.
Mais je vais écoutant ce que dit chaque bouche,
Regardant ce que fait chaque main, peuple ou roi,
Demandant le comment de tout et le pourquoi,