Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/70

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Ta louve a bu le sang des peuples opprimés.
Mais leur tour est venu de monter dans l’histoire,
Et tes pieds descendront l’escalier de ta gloire.
Et tes fastes vont être à tout jamais fermés.

Ô monde, prête Et la mort

Hier le cœur, aujourd’hui l’anévrisme du monde,
On entend battre, au fond de ta poitrine immonde,
Les palpitations de tout le genre humain.
Toute corruption fait du sang dans tes veines.
Tu ris des nations et de leurs larmes vaines ;
Mais à ta pourpre on va les essuyer demain.

Ô monde, prête Et la mort

Sous ses porches béants ton arche triomphale
Verra passer demain la vivante rafale
Des vengeurs suscités par les siècles qui font, —
Des droits sacrés de l’homme austères sentinelles,
Lorsque enfin luit le jour des luttes solennelles, —
Aux orgueils les plus hauts un néant plus profond.

Ô monde, prête Et la mort

Maudits soient par le ciel et maudits par la terre
L’amphore où, chaque jour, ta soif se désaltère,
Le sceptre et le manteau que souillent tes Césars,
La voie où leur pied marche et l’escalier qu’il monte,
Le trône où leur grandeur siège moins que leur honte,
Le tranchant de leur glaive et l’essieu de leurs chars !

Ô monde, prête Et la mort