Nous, les Francs et les Huns, les Goths et les Vandales,
De tes palais on nous verra fouler les dalles.
Nous boirons l’hydromel aux coupes de tes dieux.
Nous briserons l’essieu de tes chars de victoire ;
Et, dans nos boucliers ayant pesé ta gloire,
Nous jetterons ta cendre aux vents de tous les cieux.
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Nous seuls savons le sens des mots et des figures
Dont l’avenir remplit la bouche des augures.
Mais toi tu n’entends rien aux signes du passé.
Voilà qu’à chaque instant ta splendeur diminue,
Et chaque soir ajoute un peu d’ombre à la nue
Où doit s’ensevelir ton soleil éclipsé.
—
C’en est fait, c’en est fait, Rome, de ton prestige.
Ton vieux laurier n’a plus de sève dans sa tige.
Parmi les nations tu cesses de compter.
Et le monde va voir, dans la cité latine,
Entourant de ses cris la roche palatine,
Jupiter en descendre et le Christ y monter !
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Mais Rome, tout entière au bruit joyeux des fêtes,
Ô peuples, n’entend pas la rumeur que vous faites,