Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/77

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Et, comme si des yeux ils se fussent compris,
Ils poussent à la fois trois formidables cris.
Un bond, et chacun d’eux (ô moment d’épouvante !)
De ses griffes saisit sa victime vivante,
Et chacun des martyrs, comme un suprême adieu,
Adresse à l’empereur ces mots : « Gloire au seul Dieu ! »
Et meurt, ayant trouvé, comme Christ, son Calvaire.
Votre royaume est donc bien difficile à faire,
Qu’il faille tant de sang, mon Dieu, pour affirmer
La vérité qui doit dans les âmes germer ?
Mais votre nom, Seigneur, maître de tout mystère,
Soit béni dans le ciel et béni sur la terre,
Et votre volonté se fasse en tous les temps !
Or la foule applaudit pendant quelques instants,
Ayant vu, sans qu’un cri soit sorti de leurs bouches
Les martyrs déchirés par les monstres farouches,
Sur le sable tomber, les bras ouverts en croix,
Comme pour dire encore après la mort : « Je crois. »
xxxEn ce moment au bord de l’arène se penche
Un vieillard secouant sa chevelure blanche,
Puis se dresse, les yeux fixés sur Maximien,
Et s’écrie : « Empereur, que leur sort soit le mien !
« Car tes dieux ne sont tous que des dieux d’imposture,
« Fabriqués de mensonge et faits de pourriture,
« Symboles creux, mais pleins des vices des humains.