Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Il n’est qu’un seul Dieu vrai, c’est le Christ, ô Romains ! »
Pareil au noir Caurus qui souffle les tempêtes,
Ce nom va soulevant la multitude. « Aux bêtes ! »
Ce cri dans tous les cœurs, ce cri dans tous les yeux,
D’un bout du cirque à l’autre, éclate furieux.
« Aux bêtes ! » On dirait le tonnerre qui roule,
À travers tous les rangs ameutés de la foule,
Et cent mille regards fixés sur l’empereur
Attendent ce que va décider sa fureur.
Un signe de sa main, — et, l’œil plein de lumière,
Le vieillard, qui tout bas murmure une prière,
Dans l’arène s’élance. On voit en même temps
De leurs cages bondir trois tigres haletants,
Formidables, ayant, sur l’Euphrate qui gronde,
Bravé, cinq ans, les dards et la flèche et la fronde.
Tout frissonne à l’aspect de ces monstres hideux,
Tout, hormis le vieillard qui marche au-devant d’eux.
Leur faim rugit. Leurs dents et leurs griffes s’apprêtent.
Mais tout à coup voilà que tous trois ils s’arrêtent
Et devant l’inconnu se prennent à frémir.
D’épouvante à ses pieds on les entend gémir.
Cet être surhumain quel est-il ? Est-ce Hercule,
Pour que tout le désert devant lui seul recule ?
Pour que sous son regard, plein d’étranges rayons,
On voie ainsi trembler et tigres et lions ?