Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/79

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Et tous les spectateurs, le front sinistre et blême,
Regardent l’empereur qui tressaille lui-même,
Disant : « Si c’est un Dieu, le ciel est contre nous. »
Cependant le vieillard, tombant à deux genoux
Et se croisant les mains sur sa poitrine nue,
S’écrie (et Rome entend cette voix inconnue) :
« Grâce ! grâce, Seigneur ! quatre siècles entiers
« J’ai marché sans trouver le bout de mes sentiers.
« Comme dans un sépulcre enfermé dans la vie,
« Au fond de leurs tombeaux, les morts je les envie ;
« Car ils ont le repos du moins, que je n’ai pas.
« La terre incessamment s’allonge sous mes pas.
« Les lions de l’Atlas et les tigres des jongles
« Refusent d’entamer ma chair avec leurs ongles.
« L’hyène à mon aspect recule avec effroi.
« Les flammes des volcans ne veulent pas de moi.
« Les déserts africains n’ont pas assez de sables,
« Ni dans ses bassins verts, gouffres inépuisables,
« La mer assez de flots pour me faire un linceul.
« De pays en pays je marche triste et seul,
« Moi qui n’ai plus, hélas ! de toit ni de famille
« Et que n’accueillent plus, l’été, sous la charmille,
« Ou, l’hiver, à côté du foyer babillard,
« Le baiser d’un enfant ni la main d’un vieillard.
« C’est en vain que je frappe aux portes de la tombe,