Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/80

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« Voulant dormir, pareil à tout mortel qui tombe,
« Dormir, dormir enfin de ce sommeil profond
« Que les chevets glacés des sépulcres nous font.
« Mais il faut que je marche, hélas ! et que je vive.
« Car, — bien que le Seigneur, de ses sources d’eau vive
« Ait ouvert à ma soif le généreux trésor —
« La révolte parfois dans mon âme entre encor.
« L’ouragan dans mon cœur, l’ouragan dans ma tête,
« Je suis comme un oiseau qu’emporte la tempête.
« L’Himalaya, sublime escalier de l’azur,
« Où l’aigle voyageur trouve un asile sûr,
« Que de fois, ô mon Dieu, dans ses brises neigeuses,
« Il m’a vu rafraîchir mes tempes orageuses !
« Dans les eaux de ses lacs, tout frémissants d’horreur,
« Que de fois, ô mon Dieu, j’ai miré ma terreur
« Jusqu’à l’heure où la nuit, vers l’Orient plus sombre,
« Roulait dans les ravins ses avalanches d’ombre,
« Et que les astres d’or s’allumaient dans les cieux
« Afin que l’infini me vît de tous ses yeux !
« Je donne des frissons à toute âme vivante.
« Je suis le condamné sinistre, l’épouvante,
« Le spectre de la vie et l’ombre de la mort,
« L’éternité du crime et celle du remord.
« Mon nom, l’aigle des pics le redit à l’espace.
« Les chiens avec effroi le hurlent quand je, passe ;