Page:Van de Wiele - Miseres.djvu/356

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À deux pas, en avant d’elle, le bras de Jean pendait, inerte, par-dessus l’épaule du jeune Clarence, et, à mesure que celui-ci, un peu las, ralentissait la marche, son fardeau avait plus l’air d’une chose, d’une pauvre forme d’être foudroyé et pour jamais privé de vie : elle se demanda si cette léthargie, cette absence de soi-même n’était pas meilleure à l’enfant que l’état élevé où elle l’avait voulu. Ils avaient franchi le seuil de la villa ; les domestiques, secoués par ce retour imprévu, s’empressaient autour d’eux, s’informant de ce qui s’était passé. Elle n’eut pas le courage de le dire une émotion indicible lui serrait le gosier, lui écrasait le cœur ; son courage était à bout, et elle n’était pas sûre d’avoir la force d’une nouvelle lutte contre la maladie de son enfant, qui s’annonçait menaçante : aussi, elle laissa télégraphier à son mari et, même, rappeler la nourrice de Bruxelles. Elle doutait de l’efficacité de ses soins ; elle doutait du bienfait de cette cure morale trop quintessenciée qu’elle avait entreprise, et qui, au lieu de sauver son fils, lui avait donné, en outre de son mal originel, un mal cent fois plus perfide et qui, fatalement, devait échapper à toute thérapeutique, puisqu’il était immatériel.

Quand on eut placé Jean sur son lit, la lueur