Page:Variétés Tome I.djvu/205

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ne veux plus vous escouter ; et vous, parties, plaidez distinctement les uns après les autres, sans vous confondre.

— Monsieur le lieutenant, nous nous y opposons ; il y a d’honnestes procureurs qui sont revenus de l’autre monde pour gaigner leur vie ; ne permettez pas cela.

— Qui estes-vous qui parlez ? Estes-vous le turbulant Mauclerc ? Plaidez, et ne vous mettez poinct en cholère, afin de n’estre poinct suspandu de vostre charge, ny condamné à l’amande comme autrefois : car cela vous a faict mourir, au grand dommage de la fille du Chat.

— Monsieur le lieutenant, si vous forcez mon naturel, je ne diray rien qui vaille : car il faut que je süe en plaidant, que je crie quand ma partie adverse parle, afin que l’on ne l’entende pas, et que je face d’une meschante une bonne cause. C’est ce qui m’a faict avoir tant de pratiques en mon temps. Il est vray que je n’ay pas tant duré au monde, mais j’ay eu grand renom.

— Or, changez de naturel, si vous voulez assister aux grands jours ; mitigez vostre cholère, tandis que j’ecouteray messieurs les frippiers. L’huissier Cornet, appelez.

— Messieurs les frippiers, on vous donne licence de plaider sans procureurs ; aussi bien les tromperiez-vous comme vous faictes les autres.

— Monsieur le lieutenant, nous avons grand subjet de plainte : nous ne gaignons plus tant que nous soulions, et la cause est qu’à force de crier après les prevosts des mareschaux de Paris, ils ont faict une