Page:Variétés Tome I.djvu/29

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un petit pet tellement parfumé, que toutes les cassolettes, parfums, oyselets de cipre8 musquadins, n’eussent pas eu plus competiteurs poursuivans que ce sonnet invisible, spirituel et organisé.

Femme qui pète, ce dit-on,
N’est pas signe qu’elle soit morte,
Quand le cul parle, dit Platon,
Le ... voisin se reconforte.

Par experience, et pour maintenir la grandeur des choses petites, quel plaisir d’entendre le murmur d’un petit ruisseau, de voir bondir et sauteler le chevrel, l’aignelet et autres petits fans, compagnons des forests et des bruyères ! La grâce, en effect, n’ayme point la chose grande ; la femme, pour sa propreté, doit porter un petit estuy, de petits cizeaux, de petits cousteaux, un petit drajouer, un petit manchon et un petit chien, pour servir de couverture aux exhalaisons du ventricule, suyvant ce proverbe (Chassez ces chiens, ces femmes vessent). Quelqu’un, ruminant soubz son bonnet, me pourra objecter qu’aujourd’huy la plus grande part de nos courtisanes portent de grands patins. Il est vray,


8. Il est parlé de ces oyselletz de Chippre dans la plaisante chronicque du petit Jehan de Saintré, chap. 43. « C’étoient, lit-on dans le Ducatiana (t. I, p. 39), de petites balottes de toutes grandeurs remplies de parfums exquis, et qu’on joignoit ensemble avec de la gomme, pour leur faire prendre la forme de certains petits oiseaux de la peau desquels on les composoit, afin de les faire crever à propos. Un ancien inventaire, inséré t. II, p. 921, de l’Histoire de Bretagne de D. Lobineau, contient : Deux cagettes d’argent veirrées pour mettre oyseletz de Chypre. »