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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/104

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des lampes un nuage de poussière rousse ; tout le monde se gratte, et à beaucoup d’étalages les commis remballent les étoffes. C’est terrible, cette invasion !… À mon hôtel, cela commence. J’ai pourtant évité d’allumer dans ma chambre, mais chez les voisins le lichen s’est déclaré. Un gérant m’a arrêtée dans le hall pour me demander si je n’avais pas été incommodée par les « moustiques » ! Des garçons passaient dans les couloirs avec des pulvérisateurs au crésyl…

« Mais ce n’est pas tout, il s’est produit encore autre chose de grave, à mon hôtel. Quelqu’un doit soupçonner mon identité ; on a fouillé dans mes effets et dans la mallette.

— Qui contient les pièces détachées de votre fusée ?

— Oui : le bec de la tuyère d’éjection, le détendeur d’hydrogène liquéfié et le gravimètre. Ces accessoires, pour un scientifique, sont éloquents. Il y a d’ailleurs la marque du brevet : « Patent Moon Gold » sur le gravimètre. Cela me paraît être le prélude à une interview… pas comme celle des journaux de ce matin… une vraie.

— Voyons, Aurette, ne vous inquiétez pas si vite…

— Oh ! j’en ai pris mon parti ; ne cherchez pas à me rassurer inutilement. Je sais ce que je ferai ; je raconterai mon voyage, mais sans parler de la Lune, puisque c’est déjà fait. Le journaliste en conclura ce qu’il voudra… C’est une lâcheté de ma part, je le sais. Mais j’ai peur, pour mon père, j’ai trop peur. Cheyne est capable de tout. J’ai reçu de lui un sans-fil ce matin, où il me