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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/110

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au fromage, mangé à la clarté du pétrole, n’en fut pas moins délicieux. Une bouteille de heidsieck fut débouchée en l’honneur de « ma cliente » et les propos se haussèrent aux actualités du jour. Il fut question, naturellement, de « miss Lescure », et nos hôtes accumulèrent les gaffes inconscientes. Ma tante, bonne bourgeoise, ignorant si la Lune était beaucoup plus loin que Marseille, admettait sans discussion les dires des gazettes ; mais mon oncle, esprit frondeur, affectait le scepticisme.

— Des bobards ! Et qui serviront, vous allez voir, à soutirer du fric aux gogos. Moi, je pense comme Clémentel-Vault, qui en a dit de bien bonnes dans le Journal d’hier : « Les pépites ne me convainquent pas du tout. Et même si miss Lescure nous avait rapporté de son passage sur la Lune une attestation, légalisée par un maire sélénite, je me méfierais encore ! »

Aurore était à la gêne. Aussi, bien que j’abhorre en général la T. S. F., j’accueillis en libérateur le jeune Oscar, quand il proposa de nous faire ouïr le concert de la Tour Eiffel.

Même s’il n’acquiert pas un jour d’autre titre de gloire, il lui restera l’honneur d’avoir été fort probablement le premier humain à découvrir les propriétés gustatives de la nouvelle variété de lichen née dans la longueur d’onde de la Tour.

Au beau milieu de l’audition des « Jardins sous la Pluie », de Debussy, nous l’entendîmes s’écrier :