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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/17

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Mais j’invoquai plaisamment pour motif que je ne voulais pas faire affront au Docteur, en paraissant mépriser sa modeste C.6.

Quoi qu’il en soit, cette décision que je pris, sur le seuil de l’Hôtel de la Plage, aux ruines de Tauroëntum, eut, je le répète, une influence capitale sur mon avenir, et influa aussi notablement sur le sort du monde civilisé.

Si je croyais à la métapsychique, je verrais sans doute une prémonition occulte dans cette conversation que nous venions d’avoir et dans l’image d’Aurore Lescure qui hantait mon esprit. Mais je n’y crois pas ; et, à la froidement analyser, la coïncidence fut toute naturelle. Les journaux avaient annoncé pour aujourd’hui l’envol de la Fusée interplanétaire ; en cette même heure, par toute la France, par toute l’Europe et l’Amérique, par toute la terre, des centaines de milliers d’hommes et de femmes devaient songer à l’héroïne et s’entretenir de son exploit.

La seule différence qu’il y eut entre moi et les autres, c’est que je la vis atterrir. La Fusée, diront les mathématiciens, avait autant de probabilités pour retomber au pôle Nord ou dans le désert de Gobi ? Simple jeu théorique. Car si elle était retombée ailleurs, il ne se serait plus agi de l’ordre de faits que nous vivons. Je préfère croire au destin. Dans l’univers réel, dont fait partie ma destinée, Aurore Lescure devait inévitablement prendre terre en un point déterminé et je devais aussi nécessairement passer par là au même moment. En vérité, ce