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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/18

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fut tout simple et naturel, encore que merveilleux.

Cela se passa si rapidement que nous eûmes à peine le temps de comprendre, Alburtin et moi.

Il était 5 heures du soir ; le soleil avait disparu derrière les crêtes calcaires de la pittoresque gorge que nous remontions sans hâte ; mais il faisait encore grand jour. Depuis dix minutes, dès la sortie de La Ciotat et le début de la côte, l’ami Géo s’était offert le facile plaisir de nous « gratter » par un démarrage foudroyant de sa turbo, et les Ricourt devaient, à cette heure, être arrivés à Cassis et à l’Hôtel Cendrillon, où je les retrouverais au dîner. Nous étions en vue du col de Bellefille, où bifurquent les deux routes, celle sur Aubagne et celle sur Cassis, lorsqu’une lueur perçue du coin de l’œil au ciel me fit relever la tête…

Une traînée de feu rouge, comme la trace d’un bolide, mais qui ralentissait en tombant tout droit du zénith… un fusement strident… La lueur s’éteignit, le bruit cessa et, dans l’azur clair, on vit une forme flasque et indéterminée, en chute rapide suivant la verticale.

— Un avion ! m’écriai-je. Un avion qui a pris feu et qui tombe !

Deux secondes, Alburtin, les mains au volant, quitta la route des yeux.

— Drôle d’avion, opina-t-il. Un dirigeable, plutôt ?

La distance, et par conséquent la grandeur de l’objet, ne pouvaient s’apprécier encore. Dans le soleil oblique, la forme flasque de l’instant précédent avait pris l’aspect