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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/170

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tunnels ni voitures des spores calamiteuses. Il fallait jusqu’à nouvel ordre, jusqu’à découverte d’un moyen de destruction efficace, se résigner aux pertes financières et à la perturbation de la vie sociale que devait entraîner cet arrêt de l’exploitation.

Le personnel des tramways et du Métro fut mis en congé provisoire, avec demi-salaire… et chaque employé, porteur de germes, contribua comme l’avaient fait les voyageurs, à diffuser le Lichen dans Paris et la banlieue.

Les zones contaminées s’étaient déjà fort étendues. À ce que je vis avant de rentrer chez moi vers 7 heures après un long vagabondage, les grands boulevards étaient atteints, avec une répartition capricieuse, comme il arrive dans les épidémies. Beaucoup de réclames électriques fonctionnaient encore convenablement : mais certaines avaient une partie de leurs lampes « malades » ; la gazette lumineuse de la place de l’Opéra n’offrait plus qu’un texte brèche-dents, illisible. Plusieurs cinémas, en sus du Paramount, avaient fermé. Aux terrasses des cafés, même celles aux éclairages non déficitaires, les visages étaient mornes. Malgré mon désintérêt des choses extérieures. Je sentais dans la ville une atmosphère de consternation.

Et pourtant, les résultats calamiteux de l’invasion cosmique ne faisaient que commencer !

Dans mon atelier, sur son chevalet, le portrait commencé attendait la séance de pose. Dès 8 heures, sitôt