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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/184

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Ma compagne se redressa.

— Sous mon vrai nom, monsieur !… Assez de mensonges ! compléta-t-elle en aparté.

Au nom d’Aurore Lescure, M. Hénault-Feltrie, célèbre avionneur et président de la Ligue Astronautique de France, s’inclina muettement et, comme prêt à lui poser quelque question embarrassante et délicate, hésita deux secondes avec un sourire sous lequel je crus discerner du scepticisme et de l’ironie… un sourire qui m’humilia, me rappelant un lambeau d’article que j’avais lu, signé Hénault-Feltrie, démontrant l’impossibilité d’atteindre la Lune avec la Fusée M. G. 17, et surtout en cinq heures.

Mais Nathan, à son tour, salua ma compagne ; et d’un ton pincé :

— Je vous ai attendue hier, mademoiselle.

Soulagée de la diversion, elle lui conta notre accident de métro, tandis que Luce entreprenait M. Hénault-Feltrie.

Mais, se détachant de leur groupe, des journalistes s’étaient égaillés autour de nous, aux écoutes. Des objectifs se braquèrent sur Aurore et Nathan, les stylos noircissaient carnets ou blocs. Et, sur les visages, des demi-sourires, narquois et complices. En l’un des reporters, je crus reconnaître le faux valet de chambre de l’hôtel Métropole, qui parlait, en me regardant, à l’oreille de son voisin. Ce dernier s’approcha de moi et me demanda tout de go :