Aller au contenu

Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Monsieur Gaston Delvart ?… Voulez-vous me dire quelques mots… sur vous-même… et sur Mlle Aurore Lescure, que vous pilotez dans Paris ?

Me fâcher ?… Mais non, improviser plutôt quelques vagues banalités…

Le métallique enrouement du haut-parleur proclama que l’appareil de Cherbourg était en vue. Deux gros biplans, un rouge et un bleu, convergeaient sur l’aéroport. Le rouge, d’une compagnie anglaise : courrier de Londres. Le bleu : le nôtre.

L’avion bleu toucha terre, roula, s’immobilisa à moins de trente mètres. Les mécanos s’élancèrent, calant les roues, disposant l’escabeau. Presque mêlé maintenant à la foule des reporters, notre groupe restait en suspens.

À la porte de la carlingue, un incontestable Yank parut, nu-tête, rappelant par sa physionomie le fameux Lindbergh, mais avec des traits moins francs, moins ouverts, sans ce charme juvénile… et, débarqué, aida à descendre un vieillard à cheveux blancs, au teint de cire, aux yeux lumineux de génie.

— Mon père ! s’écria Aurore.

Et, sans souci du protocole, elle courut à sa rencontre, parmi les « Hip ! hip ! Hourrah ! » lancés par les plus gamins des journalistes, parmi le claquement des obturateurs et le cliquetis des caméras qui « tournaient » l’embrassade passionnée du père et de la fille… puis le shakehand d’apparat, vigoureux mais sans tendresse, qu’elle échangeait avec son fiancé.