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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/207

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Certes, je ne suis pas trop content ; je suis même furieux, tout d’abord ; mais enfin, avec ce laboratoire à installer (où donc ? elle ne me l’a dit !) je dois bien admettre qu’elle soit occupée et ne puisse me voir aujourd’hui.

Et, que diable ! elle a raccroché si vite que je n’ai pas pu lui poser une autre question… qui va me tourmenter toute la journée : puisque l’association est rompue, entre Cheyne et son père, les intérêts qui, à ce que j’ai compris, poussaient Cheyne à vouloir l’épouser, elle, ont donc cessé d’exister ? L’obstacle fondamental entre nous serait donc levé, ou sur le point de l’être ?… Que ne me l’a-t-elle dit nettement ! Je n’ai même pas pu discerner dans son ton de quelle humeur elle était. Joyeuse, ou simplement affairée ? Ces récepteurs déforment tellement les nuances de la voix !

Même sans certitude, il paraît y avoir là une grande probabilité. Et en plus de cet espoir, pour me faire patienter, je sais que rien n’est perdu, au contraire, puisqu’elle ne part pas ; si je ne la vois pas aujourd’hui, je la verrai demain, et je pourrai de toute façon continuer la lutte, essayer de faire triompher mon amour.

En attendant, ne pas trop penser à moi-même ; réagir… Voyons. D’abord, soigner mes intérêts matériels, totalement négligés depuis mon retour à Paris. Je suis à court d’argent. Toucher le chèque de Luce. Société Générale, boulevard Haussmann… De là, rive