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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/208

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gauche, visite chez mes marchands de tableaux : Roussel, Lefort ; chercher mes photos chez l’oncle…

L’autobus AM, que j’allai, sans hâte, prendre au coin de la rue Damrément, était bondé de gens singulièrement rechignés. Je cessai vite de m’en étonner, car dès le pont Caulaincourt un arrêt intempestif nous immobilisa.

— Ça fait la cinquième panne depuis le terminus ! grincha le receveur, en sautant à terre pour aller aider son camarade chauffeur.

Panne de bougie, qui fut tôt réparée, mais qui décelait l’état précaire des derniers moyens de transport en surface. L’eau de chlore devenait impuissante comme préservatif contre la Xénobie… Sur le pont Caulaincourt, repanne… Idem au bas de la rue d’Amsterdam. Cinq ou six voyageurs, dont je fus, descendirent pour continuer à pied.

À la gare Saint-Lazare, j’eus la curiosité de jeter un coup d’œil dans la salle des pas-perdus. Les aspirants-voyageurs se butaient à des guichets fermés. Assis sur leurs valises, d’autres attendaient avec une résignation d’émigrants. D’évidents Britanniques baragouinaient des récriminations aux employés des bascules, qui refusaient de peser leurs bagages à l’enregistrement et leur montraient les pancartes affichées : « Aucun départ pour l’Angleterre jusqu’à nouvel avis ». Une affiche manuscrite, placardée sur les horaires officiels et les annulant, annonçait un ou deux départs quotidiens « non