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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/213

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je vais souvent, à me procurer ces quelques provisions à bon compte…

— Bah, ma tante, plaisantai-je, vous auriez toujours la ressource de la gelée de framboises que l’ami Oscar récolte sur son poste de T. S. F…

Hélas non ! C’était fini, cela. Et le gamin, qui rentrait de l’école, m’expliqua, en jetant son cartable avec dépit, que son poste, d’un modèle qui se branchait sur le secteur, ne pouvait plus fonctionner sans courant de la ville. Pour le remplacer il aurait fallu acheter des blocs de piles et d’accumulateurs.

— Et papa ne veut pas !

— Ce n’est pas le moment de faire des dépenses superflues, trancha la mère. Allons, viens goûter, mon petit, et sois sage.

Ma brave tante craignait aussi « la révolution », comme fin finale de l’aventure, et elle développa ses raisons, d’après les commérages des voisines.

Mon oncle s’amusait à la faire marcher, et s’égayait de ses peurs. Mais c’était pour exposer les siennes. Ce qui l’inquiétait plus que le chômage, c’était l’inertie des pouvoirs publics.

— Qu’est-ce qu’il fait, le gouvernement ? Rien du tout. Il n’est même pas fichu d’organiser la lutte. Il attend la rentrée des Chambres… des bavards. Si au moins le président de la République, en France, au lieu d’être un soliveau, avait des pouvoirs comme en Amérique…