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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/214

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Une heure passée dans ce milieu familial m’avait agréablement distrait, comme toujours. À 5 heures et demie, en sortant de chez mon oncle, je me trouvai brusquement inquiet, anxieux. Le jour tombait, et Paris s’éclairait à peine, comme à regret. Plus trace de l’optimisme du matin. Où aller ? Que devenir, privé de toutes nouvelles d’Aurore jusqu’à ce soir, jusqu’à demain ? Et des mots qu’elle m’a dits le matin au téléphone me reviennent, lancinants : « Toute une caravane à prévoir, à organiser. » Elle ne quitte pas la France, non, mais c’est que son laboratoire est en province !… À défaut d’elle-même, qui me renseignera ? Nathan ? Il m’enverra promener, cet ours !… Ah ! Géo. Il doit savoir quelque chose.

J’eus la chance de l’attraper encore au bout du fil, à Saint-Denis, à l’usine Hénault-Feltrie.

— Ce qu’elle fait aujourd’hui ? Mon vieux, tout ce que je puis te dire, c’est que ce matin à 9 heures et demie, elle prévoyait une journée très chargée ! je l’ai vue trois minutes avec son père, dans le hall du Métropole où je déposais Lucy… Où est leur labo ? Mais, au barrage d’Eyguzon, dans la Creuse ; tu sais, la centrale hydro-électrique qui alimente Paris en partie… Nathan leur a fait avoir de chics appointements : 20.000 par mois à eux deux… Le « nouvel Edison », tu penses… Il va nous trouver en cinq secs un remède au lichen…

« Et puis, dis donc… j’aurais voulu que tu sois avec nous, hier soir ! Nous sommes allés au Rat Musqué,