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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/234

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moins de leur respect réel et d’un consentement volontaire que la simple inertie, qui serre d’un cran sans mot dire à chaque nouveau règlement, fût-il absurde et incompréhensible, la boucle des contraintes sociales ceinturant tout citoyen d’un État civilisé.

D’ailleurs, privée du magnétisme de la presse dont le rôle est de polariser les courants de l’opinion, celle-ci, livrée à elle-même, resta fragmentaire et individuelle, éparpillée en un morcellement d’expressions divergentes qui ne réussissaient plus à se rejoindre ni à se préciser en une formule commune.

Sans se poser de questions, sans chercher trop à savoir comment cela finirait, on fit d’abord confiance au gouvernement.

On était désorienté par la rupture des habitudes ; mais on jouissait avec surprise, avec timidité, de la brusque détente, de la suppression de la tyrannie machiniste. Même les non-chômeurs se sentaient libérés d’une contrainte qui les avait jusque-là crispés à leur insu. Et pouvoir entrer n’importe où sans risquer les démangeaisons coutumières dans un local envahi de lichen !… Les trois premiers jours, 23, 24 et 25 octobre, ce fut dans Paris l’atmosphère d’un dimanche démesuré.

Dimanche londonien, par un temps gris et fade, presque tiède, sans autres distractions que la promenade, le café et la dégustation du zébi aux charrettes des marchands ambulants. Les terrasses regorgeaient. La foule, ainsi qu’en un premier mai sans taxis, emplissait de son