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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/240

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Encore un indice de la mollesse avec laquelle fut appliqué le décret, en ces premiers jours d’insouciance.

Je dînai chez les Frémiet, le 25. Ce soir-là, le poste de Lausanne, après avoir diffusé les condoléances du gouvernement fédéral au peuple français si durement éprouvé, nous apprit que la Belgique avait été victime de sa loyauté à la France, en ne fermant pas sa frontière. Le lichen était apparu à Bruxelles. Par contre, même aventure pour l’Espagne et l’Italie, qui cependant avaient coupé les communications dès le 21. Barcelone, ainsi que San Remo et Gênes, étaient contaminés… grâce à des opérations de contrebande, apparemment. Ce qui n’empêchait pas l’opinion italienne d’être assez sévère pour nous ; le bruit courait à Rome, dans certains milieux impérialistes, que des avions français seraient venus nuitamment jeter des spores de lichen sur la Riviera ligure !

Là-dessus, mon oncle s’esclaffa.

— Ah ! celle-là, par exemple !… Ils vont fort !

Les bruits ridicules qui avaient circulé au début me revinrent à la mémoire.

— Chez nous, c’était « un cadeau des Boches », vous vous souvenez ?

— Oui… Tout ça, ce sont des mots, heureusement. Le plus bête, c’est que cette stupide accusation de quelques chauvins italiens vient juste à l’heure où la France, par ce décret, fait le beau geste… Car il n’y a pas à dire,