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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/241

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comme désarmement, ça enfonce Briand et feu Streseman. La S. D. N. doit des félicitations à nos gouvernants, qui ont osé porter un décret pareil !

Mon oncle, d’ordinaire, ne sortait que très discrètement ses opinions pacifistes, mais ce soir il s’emballait. Son point de vue me surprit : je n’y avais pas encore pensé. Pour la première fois, je vis cette pénible conséquence de la désélectrification de Paris, du Sud-Est et des autres régions contaminées : le pays sans défense, incapable de mobiliser.

— Donc, reprit-il, la cause est entendue. On ne l’a pas fait exprès, mais l’expérience n’en est pas moins probante : une nation peut se trouver en état de désarmement, sans que, contrairement à l’affirmation des bellicistes, il se produise aussitôt une attaque brusquée.

— Une attaque brusquée ? Hum ! Qu’en savons-nous ! Elle a peut-être lieu à l’heure qu’il est, à la frontière.

— À la frontière ? Non, mon petit, ce serait déjà fait ; et pas à la frontière ; sur Paris, par air, comme de juste, selon les dernières méthodes : torpilles à gaz.

Je trouvai aussitôt une réponse :

— L’assaillant aurait trop peur de prendre la contagion du lichen. L’attaque brusquée n’aurait de raison d’être, n’est-ce pas, que pour s’emparer ensuite de notre pays… pour l’occuper. Et l’occuper, ce serait rétablir les communications que nos bons voisins se sont empressés de couper.

Mon oncle s’en tira par un paradoxe.