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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/254

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son parachute ne s’étant ouvert qu’au dernier moment ; et cet épisode-là il l’évoquait avec le sourire, Mais, en parlant des Chimères de Saint-Denis, son visage était un masque d’horreur tragique ; il avait vécu les minutes les plus angoissantes de sa vie…

Dès le 26 au matin, la municipalité communiste de St-Denis, obéissant aux directives de Moscou, avait jugé l’heure venue de faire échec au gouvernement en passant outre à la loi et forçant les ingénieurs de l’usine électrique du quai de Saint-Ouen à la remettre en marche.

À deux heures de l’après-midi, Géo, échappé à la molle surveillance des X, vit de loin la Centrale fumer dru de ses cheminées en tromblons et arborer le drapeau rouge au marteau et à la faucille. Mais, comme les autres, l’usine Hénault-Feltrie profitait du courant rendu, et le travail, languissant la veille, y avait repris à plein régime. Rien d’anormal ne se passa jusqu’à 18 heures. Les ouvriers sortis depuis dix minutes, le grand patron parti également, Géo s’apprêtait à regagner Paris, lorsque des sirènes beuglèrent et une grande clameur de la foule s’éleva au loin.

Mais je laisse la parole à Géo.

— Et alors, voilà un jeune garçon de quinze ans, le fils du concierge de l’usine, qui rapplique sur sa bécane comme un fou, et saute à terre dans la cour, en criant : « Fermez les portes ! Elles vont venir ! Je les ai vues. Elles couraient après moi. Elles ont bouffé tout le monde dans la Centrale…