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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/288

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faut que vous vous chargiez d’une mission délicate que vous remplirez mieux que moi auprès d’elle…

« Un grand deuil la frappe… qui est aussi un grand malheur pour la science. Son père est mort. La nouvelle vient de n’en être télégraphiée du barrage d’Eyguzon. Mlle Lescure n’était pas partie depuis deux heures ce matin, qu’une explosion a détruit le laboratoire de recherches. Explosion très violente : à près de deux kilomètres, le poste télégraphique du barrage a été secoué rudement… C’est la preuve, monsieur, la preuve atroce et définitive que le nouvel Edison venait de réaliser sa découverte… C’était, hélas ! presque inévitable comme le prévoyait dès 1910 le Dr Gustave Le Bon… Et malgré tout, cela m’étonne, d’un expérimentateur de premier ordre comme Oswald Lescure. N’aurait-il pas pris toutes les précautions indispensables en pareil cas, et d’abord celle de n’opérer que sur une parcelle infinitésimale de matière ?…

Je percevais à peine la ratiocination du savant ; sa voix m’arrivait lointaine et indistincte. Une lamentation de douleur m’emplissait le crâne, y dominait le chant triomphal de tantôt. Aurore ! Comment t’annoncer l’affreuse nouvelle ? Comment te parler en même temps de mon égoïste joie ?…

Un sifflet de locomotive… Le hall vibre au rythme du train qui s’avance sur la voie, ralentit, stoppe… Dans la cohue des voyageurs débarquants, j’aperçois sa capeline de crin dentelle, son visage aimé, ses yeux qui me