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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/45

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fonctionne plus hors de l’atmosphère ; rien qu’un « gravimètre » indiquant la diminution de la pesanteur et par conséquent l’éloignement de la terre, à 100 ou 200 kilomètres près… d’où résultait, à la descente, l’effroyable danger de se briser au sol, en faisant fonctionner trop tard le parachute, ou de griller tout, par le frottement de l’air, en le déployant trop tôt après le dernier coup de frein au moteur… Et respirer, durant des heures, un air artificiel et confiné, puant l’âcreté de la soude caustique destiné à le « régénérer » et dont le réservoir fissuré lors de l’atterrissage, avait causé son début d’asphyxie Et assurer toutes les manœuvres avec exactitude, pendant qu’on a les tempes étreintes par la migraine, les membres amollis et le corps vidé par le malaise atroce que procurent l’augmentation du poids pendant la marche accélérée, puis son abolition totale lorsque, moteur stoppé, l’appareil court sur son erre, pour récolter les météorites… malaise qui donne l’angoisse d’une perte de connaissance imminente, et à laquelle on n’a pas le droit de céder, sous peine de mort…

En sortant de l’appareil, la jeune héroïne me vit tellement ému qu’elle lança dans un rire vaillant :

— Bah, monsieur Delvart, ce n’est pas si terrible, puisque je suis ici, vivante et prête à recommencer… Je suis ici par suite d’une fausse manœuvre, du reste ; j’ai surévalué la dérive probable vers l’ouest, et gouverné trop dans l’est, pour le retour ; sinon j’aurais