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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/46

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atterri, comme prévu, sur le continent américain. Mais on fera mieux la prochaine fois, avec l’habitude. Ce n’est pas très commode la navigation interplanétaire, à l’estime, et seule !

J’eus un cri de révolte :

— Mais pourquoi seule ? Pourquoi ne vous adjoint-on pas un compagnon… une compagne ?

— Question de poids. À deux, ce serait plus commode et plus sûr ; mais 60 ou 70 kilos de plus, c’est trop lourd. Nous en sommes, dans la naissance de l’astronautique, à peu près au même point que les tout premiers navigateurs de l’air, Montgolfier ou Charles et Robert… Et puis, mon père a tellement confiance en mon sang-froid… et en ses découvertes.

Elle s’éloigna, son carton à la main, de nouveau assombrie par cette allusion à son père, et je commençai à flairer un mystère.

Alburtin en avait perçu quelque chose. Au moment de me quitter, sur le seuil, il me glissa :

— Dites donc, elle n’y a pas été, hein ?

— Où ça ?

— À la Lune. C’est clair ; elle nous l’a quasi laissé entendre. Voilà pourquoi elle craint d’être interviewée. Ça blesserait son amour-propre, d’avouer son échec… Et pourtant il faudra bien qu’elle finisse par là… Bizarre… À moins qu’il n’y ait là-dessous un coup de Bourse. Elle attend peut-être des instructions de son père ?