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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/48

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débattait, impuissante, où toute sa science et tout son courage ne pouvaient rien, sans mon aide !

Ces trois heures passées avec elle, l’après-midi : une aventure exquise et décevante…

Sur le chemin de Port-Miou, elle allait à mon côté, d’un pas souple et alerte, vêtue comme le matin mais coiffée d’une toque étroitement ajustée qui cernait son visage à la manière du serre-tête de pilote et refaisait d’elle l’Envoyée, l’Ange de la merveilleuse visite. J’avais cru qu’il me serait nécessaire de l’apprivoiser peu à peu, de me borner d’abord au rôle de cicerone démontrant les beautés du paysage, pour mettre à l’unisson nos personnalités si différentes, mais la petite stratégie que j’avais préparée s’avéra inutile.

Au bout de cinq minutes, avant même d’avoir dépassé la plage du Bestouan où quelques fanatiques des bains se soleillaient sur les galets à cette heure intempestive, la savante doctoresse américaine se trouvait en sympathie complète avec le peintre français ; aucune barrière d’éducation ne nous séparait plus, nous étions égaux, réunis dans une allégresse d’écoliers en vacances, et nous causions avec entrain, comme des camarades de toujours.

Ce qu’elle me conta, rapporté par écrit, apparaîtrait insignifiant et puéril, mais par le délicieux parfum de confidence et le candide sourire de sa bouche et de ses yeux, tout ce qu’elle disait, jusqu’aux anecdotes sur ses